Un tiers-monde de l'Europe ?
En 2008, le Parlement européen constatait que les Roms sont victimes de « pauvreté », d’« exclusion sociale », de « ghettoïsation patente », d’« expulsions forcées » et de « conditions de vie déplorables et insalubres ». Tandis qu’en Slovaquie, les 600 communautés de Roms vivent sans électricité, sans égout ni eau courante, en Roumanie, les « Romi » apparaissent dix fois moins alphabétisés et six fois moins scolarisés que le reste de la population. Plus de 60 % des Roms de Roumanie vivent dans des communautés de plus de 500 habitants, majoritairement situées en zone rurale et considérées comme pauvres. C’est le profil d’une population du tiers-monde, et non d’une population européenne, que dresse l’anthropologue Alain Reyniers au sujet des Roms des pays de l’Est : espérance de vie inférieure de dix ans à la moyenne, enfants en bas âge malnutris, prostitution des jeunes filles, mariages précoces et grossesses fréquentes…
Il faut toutefois nuancer ce tableau. Environ 40 % des Roms de Roumanie ont réussi leur intégration socioéconomique, et parfois même rejoint les classes sociales supérieures. Par ailleurs, la dégradation de la situation économique des Roms ces vingt dernières années est comparable à celle enregistrée par les Roumains et Hongrois des zones rurales et provinciales, dans le prolongement de la fermeture des fermes collectives et des entreprises d’État.
(Extrait des Editions Sciences Humaines)